Pour honorer le 10e anniversaire de l’ordination épiscopale de son Grand Chancelier, la LSRS avait organisé le 11 novembre 2021 au Cercle municipal une séance académique pendant laquelle Madame Barbara Cassin, de l’Académie française, prononça le discours intitulé « Le traduire comme politique : un savoir-faire avec les différences ».
Considérant que les langues forment un panthéon et non pas une église, la conférencière ne récusa pas seulement toute domination d’une langue particulière et d’une culture mais esquissa aussi des possibilités comment construire des relations vivantes entre des personnes de cultures différentes. Partant de la difficulté de recenser les personnes issues de certaines régions africaines suivant les données de l’État civil européen, elle illustra son propos également par les processus liés à la restitution d’objets ou par des banques culturelles : ce sont des objets qui se font le véhicule de traditions et valeurs existentielles à appréhender et apprécier. Elle travaille aussi sur un Dictionnaire des intraduisibles des trois monothéismes : comprendre que nous ne nous comprenons pas est un pas important pour initier une démarche du traduire qui ne se termine jamais mais qui permet de construire des relations vivantes et enrichissantes.
Le Cardinal Hollerich livra un témoignage saisissant de son expérience de chrétien : la rencontre avec l’autre, avec celle ou celui qui adhère à une autre religion, qui est athée ou agnostique constitue pour lui un enrichissement et l’aide à se comprendre autrement. Une telle attitude est fondamentale dans notre monde. « Je ne puis être moi-même sans la relation à l’autre », insista l’ancien missionnaire au Japon et le citoyen d’un pays sécularisé et pluraliste. Si on lui demande si l’Europe est chrétienne, il répond que oui, ajoutant qu’elle est aussi juive, musulmane, athée… Le grand devoir est celui de vivre la fraternité à l’instar de l’encyclique Fratelli tutti du pape François. Dans cette démarche, la LSRS assume une mission essentielle.