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Un retour sur le « Diversity Day Lëtzebuerg 2022 » à la LSRS

12.05.2022

Forte de sa signature de la Charte de la Diversité Lëtzebuerg, la LSRS a décidé de projeter un film en l’honneur de la Diversity Day Lëtzebuerg 2022, en ce 10 mai 2022. Abordant les sujets ardus de l’avortement et des crimes d’honneur, le court-métrage choisi, Au Nom de l’Honneur, a été récompensé internationalement par divers festivals de cinéma. De plus, la projection a été pensée pour être suivie d’une séance de questions-réponses avec la réalisatrice, Nathalie Leclercq. Explorons les conditions de production de cet objet filmique, ainsi que ses aspects qui en font un candidat idéal pour la Diversity Day Lëtzebuerg 2022.

Que ce soit à partir d’une tradition riche en documentaires, ou du succès phénoménal des frères Dardenne, la Belgique s’est spécialisée dans un cinéma social, voire un cinéma du travail du social, interrogeant la société contemporaine sur les rapports de domination dont elle s’est érigée. Il s’avère que le film projeté à la LSRS en ce Diversity Day Lëtzebuerg 2022, Au Nom de l’Honneur, s’inscrit dans la même éthique filmique. Il questionne ses spectateurs à partir de la mise en images d’un conflit entre générations, et sur les conséquences violentes qui peuvent en naître sur le corps d’une femme – cette richesse qui a toujours fait l’objet d’un contrôle assidu par le premier sexe

En effet, que feriez-vous si, un soir, sonnait à votre porte un membre de votre famille, désemparé, en pleurs, et prêt à commettre un acte qui l’exclurait de votre communauté religieuse ? À partir de cette interrogation ouvrant l’intrigue, Nathalie Leclercq, jeune cinéaste libano-belge, a profité de ce court-métrage pour faire dialoguer ses deux cultures sans tabou, ni amalgame. On y suit donc l’histoire de Léa, jeune Beyrouthine chrétienne enceinte d’un musulman. Il se trouve que cet acte est considéré comme un crime majeur aux yeux des siens. Dès lors, n’ayant plus le choix, elle part se réfugier chez son frère en Belgique ; or, celui-ci est en contact direct avec leur famille. Que va-t-il suivre ? L’amour pour sa sœur, ou les injonctions traditionalistes de sa famille ? C’est un film à l’image de notre époque : après tant de crises – économique, sanitaire, géopolitique –, pour nous relever, il nous faut aider les autres, et espérer voir les autres nous aider.

La projection de ce film de 20 minutes entre donc dans le cadre de la participation de la LSRS à la Diversity Day Lëtzebuerg 2022. Événement retentissant dans tout le pays, le jour de la diversité permet à diverses entreprises de s’interroger sur leur rapport à la diversité, selon les différentes formes qu’elle peut prendre. Étant donné que la philosophie de la LSRS consiste à s’intéresser à la place du religieux au sein de l’actuelle société, il a donc été choisi de présenter un film incarnant ces questions, notamment selon les diversités religieuses, culturelles et de genre. Il est à noter que la séance a été pensée pour être faite en présentiel et en distanciel, tout en permettant au public de poser directement des questions à la réalisatrice une fois la projection terminée, amenant ainsi le débat à se dérouler de façon dynamique, caractéristique clef des objectifs de la journée de la diversité. À tous ceux qui n’ont pas pu être présents, sachez que le film est toujours visionnable gratuitement sur VIMEO. N’hésitez pas, non plus, à le revoir.

Alexis Vandeweerd, M. A., LSRS

 

Note d’intention de la réalisatrice

Si le Liban est un pays aussi attachant et si les Libanais font preuve d’une hospitalité aussi débordante, certaines contradictions restent cependant ancrées dans les traditions et ternissent le visage du pays et de certains de ses habitants. C’est cette dualité ambiguë que je dénonce au travers du “crime d’honneur”. Problème social d’autant plus dramatique et présent encore aujourd’hui dans certaines familles, autant Chrétiennes originaires des villages de montagnes, que Musulmanes et que la justice punit seulement du bout des lèvres par des peines minimales pouvant être parfois réduites à 15 jours de prison ! L’augmentation des cas de « crimes d’honneur » est constante depuis plusieurs années en Europe. Il y a quelques années, Sadia Sheikh a été victime d’un crime d’honneur ici même en Belgique. Ce drame social s’étend, au-delà des frontières arabes. L’Europe est touchée, elle est aujourd’hui de plus en plus concernée par cette coutume qui tient plus de la tradition que de la religion.

Nathalie Leclercq

 

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